Rapport de lecture
Jean Frantz Philippe, président de l’ASSOCC.
Au nom du partage littéraire sans caste et sans parti pris qui anime désormais une pléiade de poètes haïtiens issus de la jeune génération d’artistes, d’écrivains, d’animateurs et de promoteurs culturels, moi qui ne suis ni fils d’un grand artiste ou écrivain de renoms comme Jean-René Lemoine, Lyonel Trouillot, Dany Laferrière, Yanick Lahens, Francketienne, Jean Jacques Rousseau … ni le chien d’un quelconque soit disant patron artistique ou littéraire, j’ai eu l’heureux privilège d’avoir la primeur au troisième degré de lire « Que l’espérance demeure », une œuvre poétique à quatre mains, deux plumes mais un seul cœur, coécrit, sous le label de l’édition Le Vert-Galant, par les poètes Webert Charles et Denise Bernhardt. Et préfacé avec amour par la Dr. Marie Alice Théard.
Mon ami et chevalier polka de plume, Makens misery, m’a passé le recueil que notre ami et animateur le poète Webert Charles lui avait passé bien avant de l’envoyer à celui qu’il avait été dédicacé. Quelle preuve de partage ! Et tout s’est passé magnifiquement bien comme l’eau claire d’une source en chatouillant les pierres, les arbustes et les herbes de mon quartier d’antan. Sans esprit de fanatique ou de clan, je bénis le jour où ce recueil est tombé sous mes yeux amants de belles lettres. Et je profite aussi de cet espace pour féliciter, et surtout, encourager ces grands hommes dans cette voie de partage littéraire qui constitue à mon sens une bougie allumée à l’horizon en ce qui attrait à cette pacifique révolution artistique, littéraire et culturelle qui se peine encore à être réalisée pour le bien de l’humanité entière. Soyez au coté des Editions bas de Pages, de Apolect, de la bibliothèque du soleil, de Livres en Liberté, de Livres en Folie, de l’OSEC, de l’Association Culturelle de Constellations (ASSOCC) …, les derniers à abandonner cette si noble entreprise qui a pour objectif premier de décentraliser ou de libérer ou tout simplement de révolutionner le monde artistique, littéraire et culturel haïtiens. Je suis de tout corps, de tout cœur et de toute âme avec vous pour autant que le mouvement reste et demeure sensé et respectueux. Car les ainés peuvent se dérailler ou ne pas d’accord avec nos choix et nos tendances. Mais ils demeureront toujours et pour toujours, même après leur mort, nos ainés. On peut toujours tenter de les raisonner. Mais il y a une façon de faire qui n’est rien d’autre que le respect le plus absolu qui soit. Bien entendu, un respect qui n’a pas synonyme de faiblesse ou de bassesse. D’ailleurs, tous les haïtiens le savent très bien que la jeune génération est le bâton vieillesse des ainés qui vont. Nous sommes là pour pérenniser leurs œuvres tout en construisant les nôtres. Et rien d’autre. Donc ne faisons plus l’erreur de nous dresser comme leur rival tandis que nous avons voulu tout simplement défendre notre choix, nos œuvres, nos tendances …
Halte ! Mais je suis là pour vous présenter un rapport de lecture. Espérant que vous m’avez pardonné, nous allons continuer là où je vous ai laissé.
Je disais que sans esprit de fanatique ou de clan, je bénis le jour où ce recueil est tombé sous mes yeux amants de belles lettres. Et vous allez être d’accord avec moi. A l’heure où tout est sans issue chez nous pour un tel partage littéraire, deux poètes de tranche d’âge différente (jeune et ainée), de pays différent (Haïti et France) et d’expérience d’écriture très différente ont eu la joie, malgré leur souffrance et leur solitude, de réaliser une telle œuvre littéraire « Que l’espérance demeure » publiée en septembre 2012. La preuve que nous sommes capables de grandes choses, nous qui devrions être si près car nous habitons la même terre, le même pays. Et pourtant nous sommes malheureusement si loin l’un de l’autre. Ici, même les jeunes ne s’entendent plus entre eux. C’est pourquoi je salue haut et fort cette nouvelle mentalité si prometteuse qui anime cette Constellation d’artistes, de poètes, d’écrivains, d’animateurs et de prometteurs culturels qui croient fermement dans le partage non clanique.
Sur leur chemin de l’errance, leurs émotions, malgré la distance, leur culture, restent concordantes pour chanter leurs sensibilités d’une éternelle beauté. Souffrez que je vous propose quelques extraits :
« L’âme du poète est une rivière pleine
Coulant au creux des solitudes »
Webert Charles
« Le cœur du poète est seul maître
De sa perdition … »
Webert Charles
« Je n’ai plus que toi
Et tes espaces juvéniles
Eclairant mon automne … »
Denise Bernhardt
« Pardonne-moi Elise
Si je t’écris des mots lourds
L’écorce débridée
De nos jours d’absence … »
Webert Charles
« Ils ont rebaptisé nos rues et nos squares
De leurs gloires immortelles,
Leurs noms luisent
Sur des murs de pluie
(…) Pourtant ils musiquaient la mort
Etant devenus Citoyens du monde »
Denise Bernhardt
« Je suis habitant de toutes les errances
Et d’une île lapidaire
Mais je suis venu
Sans adieu
Rebâtir le socle
De nos espoirs … »
Webert Charles
Cette œuvre à quatre mains et d’un seul cœur défie carrément les clichés. Les émotions qui s’y dégagent sont souvent pareilles mais uniformes. Chaque texte de « Que l’espérance demeure » est une quête vers l’esthétique, vers la beauté absolue. Et le mariage est vraiment réussi. Leur voix s’accorde parfaitement malgré la différence des registres. Leurs chants empruntent les mêmes notes et souvent les mêmes rythmes malgré la nuance au niveau du tempo. C’est un pari gagné. Je suis fier de vous avoir lu très chers poètes. Et encore plus fier de convier tous les amants de la littérature à aller aussi étancher leur soif dans cet océan de lumières qui désaltère tout esprit, jeune et vieux, ici et ailleurs.
En guise de conclusion, permettez-moi d’emprunter les mots de la quatrième de couverture de l’historienne d’art, la Dr. Marie Alice Théard :
« Dans la connivence du dire à deux, deux âmes bavardent et se confient « des blessures ouvertes », les envies mal venues, « L’île de feu ». Jonglant avec les mots, les épanchements du moi intérieur deviennent valse à l’oreille du lecteur. Ce dernier entre hésitant, dans ce tumulte émotionnel dense. Au fil des poèmes, il se laisse piéger par la qualité exquise de la forme, pour se retrouver captif de la beauté de ces deux âmes si différentes et éloignées l’une de l’autre géographiquement, mais si souvent pareilles. »
Je suis au paroxysme de l’état heureux en lisant votre œuvre « Que l’espérance demeure ».
Chapoba !
Je vous recommande vivement de lire « Que l’espérance demeure » des Webert Charles et Denise Bernhardt.
14 novembre 2012
Jean Frantz Philippe
Poète, haïkiste, animateur culturel, journaliste, enseignant,
Etudiant en Sciences de l’Education,
http://constellations-maf.over-blog.com
pejifrantzou@yahoo.fr ; pejifrantzou1@gmail.com